Après mes dernières batailles avec les transports en commun bruxellois, j'ai tenté de faire un peu plus confiance au moyen de transport le plus ancien au monde: nos deux pattes! Malheureusement, le bilan ne s'avère pas plus positif. 

J'avais cette image en tête que déménager dans notre chère Capitale transformerait cette presque-blonde aux pattes de bambi en vraie gazelle kenyane. Bilan après ce dernier mois? De nouveau une illusion en moins… J'ai d'ailleurs même réussi à rendre mes voyages dans les transports en commun encore plus embarrassants. Imaginez-vous le vendredi soir, heure de pointe, Bruxelles entier content de rentrer pour le weekend après une longue semaine de travail. Y compris cette Flamande, toujours en talons, parce que cela reste the City! Des centaines de gens préoccupés par leurs projets du weekend quittent les métros, bus, trams, et filent en direction des trains. Connaissez-vous la passerelle souterraine de Bruxelles-Central? Un vrai catwalk où mon imagination me fait fixer un point devant moi pour flâner avec un grand sourire, satisfaite d'encore une semaine de terminée à mon nouveau boulot.

Mais, hélas, toutes les bonnes choses ont une fin, et comme d'habitude pour cette Flamande, cette fin s'avère brusque et inattendue. En une fraction de seconde, le catwalk de Central se transforme inexplicablement en piste de glace. Je me retrouve en grand écart sur la passerelle. En moins de deux, je suis bousculée dans le dos par deux Bruxellois pressés, ma main est écrasée par une lourde valise, et personne n'a la gentillesse de s'excuser ou de demander si cette pauvre gonzesse par terre ce serait par hasard fait mal.

Il ne reste qu'à me relever, mes bas collants déchirés, ma fierté enroulée bien profondément dans mes poches et le rouge aux joues. Mmh, peut-être avais-je bien raison de retourner au alma mater pour le weekend… De retour auprès d'amis d'une enfance de plus en plus lointaine, je raconte mes récentes péripéties autour d'une réconfortante bière fraîche. Un ami historien de l'art m'interrompt: "La gare Centrale tu dis? Tu savais qu'elle a été dessinée par Horta?" Eh non, je n'étais pas au courant. Comme quoi ma maladresse me permet de découvrir bien plus que le sol Bruxellois!

Après un weekend rempli d'activités pour oublier… ben, quoi encore?, je retourne au boulot pleine d'énergie et de courage. Après un voyage en métro en toute prudence et élégance, j'ouvre la porte de la réception du cabinet avec le sourire pour voir au bout du couloir l'associé-chef de mon département avec un des clients. En avançant, je tente d'accrocher leur regard pour les saluer, mais ils sont trop pris par leur conversation. Une fois dans le couloir, direction l'escalier, flash back vers vendredi passé: je perds l'équilibre…

Avec un grand bang causé par mon sac à main oversize, nouveau grand-écart! Hélas, toujours aussi peu gracieux. Le réceptionniste se dépêche dans ma direction pour me demander si je n'ai rien de cassé. A part, de nouveau, une paire de bas collants déchirée et la perte du peu de fierté qui me restait, tout va bien. Je m'excuse idiotement une dizaine de fois et continue mon walk of shame pour m'enfermer dans mon bureau en toute sécurité. La nouvelle dose d'énergie et de courage de début de semaine? Evanouie! Tout comme l'associé qui a clairement tout vu et entendu. Il faudra des années pour reconstruire l'image de gazelle kenyane, tant au travail que dans ma tête...

Ces situations honteuses m'ont poussée à tester encore un autre aspect de ma nouvelle ville: Bruxelles en voiture… Mais pour savoir si le transport privé en quatre roues s'avère être la solution à ma maladresse, je vous donne rendez-vous le mois prochain pour la suite de Flamande & the City, avec, hum, le permis temporaire je dois avouer... Direction? Espérons pas droit dans le mur!

Heleen Struyven

Illustration: Stéphanie Ruessmann