• « C’est un funeste siècle» disait Victor Hugo à propos du sien : c’est qu’il n’avait pas imaginé le nôtre… Aurait-il, dans la France d’aujourd’hui, encore la force de soulever les cœurs pour élever les esprits ? La plus grande de ses oeuvres, que l’on a voulue universelle, nous est à ce jour transmise par Universal : de la course opposant Russel Javert à Jean WolverineJean, misérables, surtout au chant, seul le billet vert en est sorti gagnant. Et la jeune génération de ses nationaux continue de vouer un culte à Hugo, mais pas Victor, plutôt « Tout seul », chasseurs de Buzz et même de bouse, laissant les luttes politiques et sociales à ceux que l’on appelle injustement « responsables ».

    Au son du scandale,  chaque jour les Médiapart en couille, guillotinant dès les premiers soupçons de magouille ! La condamnation judiciaire n’est plus qu’un fait divers, l’opprobre général s’est chargé de faire mal. Et le peuple tombe de haut, faisant de leurs anciens chevaliers blancs leurs nouvelles bêtes noires ! Chez eux, c’est Cahuzac, confiant son fric aux banques helvétiques, échappant ainsi à sa propre politique ! Chez nous, c’est Verwilghen, vieille gloire morale sortie Dutroux, contractuel d’un marchand d’armes, à la solde des amis de Saddam. Au royaume de l’escroquerie, ils sont des princes, là où le peuple est souverain car il se ment à lui-même. La mauvaise-foi n’est pas l’apanage des puissants, « les Misérables » que nous sommes n’en sont même plus conscients.

    A l’égard de ceux qui jugent l’action d’un président après moins d’un an sur une crise née voilà plus de 30 ans, parfois, je ressens de La Haine, car « l’important n’est pas la chute, mais l’atterrissage »… Aurons-nous, comme nous l’affirme Booba, assez de mille ans, pour faire le bilan !? Il est vrai que Le pingouin parait aussi chancelant que sa cravate. Ayant l’air d’un élève de primaire récitant une déclamation devant sa classe, derrière son pupitre, très vite, il lasse.                    Si à gauche, l’absence de chef se fait sentir, à droite, la guerre des clans n’est pas prête de finir !  Les scandales judiciaires emboîtent le pas au contexte nauséabond des manifestations à répétition des conservateurs anti-mariage gay, s’octroyant le droit, qu’ils imaginent divin, d’établir un schéma familial, qu’ils imaginent naturel. Ne pas reconnaitre est pire qu’interdire, et dire que certains d’entre eux ont fait mai 68…mais rassurez-vous, la plupart soutenait le Général!                                                                                                              

    Tout cela devrait profiter au centre, mais la dissidence Borloo ressemble trop au comité des amis fâchés de Nicolas Sarkozy…Quant à François Bayrou, à l’apparence d’un notaire de province, sa seule idée nouvelle est d’organiser un referendum sur la moralisation de la vie politique, comme s’il existait un seul parti qui militait pour une république amorale…Autant demander un referendum sur l’existence du droit de vote ou sur la gentillesse des caissières au supermarché ! Alors, moutons, veaux et brebis, galleux à souhait, se font mener en bateau par les gars de la Marine. D’autres encore se rassurent en écoutant Mélenchon, heureux de voir à la télévision un homme qui insulte autant les politiciens qu’eux derrière la leur, oubliant que lui-même en est un depuis Valéry Giscard D’Estaing.   

    Dans ce contexte de la France, héritière de celle de Victor Hugo, le chômage grimpe, les industries désertent le territoire et le peuple se rapproche de plus en plus massivement de la précarité et de l’infortune.                                                                                                                                                                        L’œuvre d’Hugo postulait que les responsables de ce qu’il appelait « l’infamie de l’infortuné » sont la misère, l’indifférence et le système répressif impitoyable. 150 ans plus tard, ces mots trouvent un nouvel écho !                                                                                                                                                              La misère la plus répandue en France était alors alimentaire, celle du manque de pain. Aujourd’hui, c’est la misère culturelle qui domine, celle du trop-plein de jeux ! L’espace médiatique, et plus largement l’espace de communication, est pollué, jusqu’à l’asphyxie.  Adieu Le cri du peuple, quotidien révolutionnaire de la Commune, Bonjour The Voice, toujours du peuple, mais destiné à éblouir les yeux pour que s’endorment les consciences. Il n’est plus guère étonnant, en 2013, que la mort d’un candidat de Koh Lanta, en jeux depuis 14 minutes, occupe plus d’espace médiatique que celle d’un dictateur vénézuélien, en place depuis 14 ans. Les seins de Nabila soulèvent plus de débat que l’évolution du système éducatif national, Swag, belle et tais-toi !                                                  

    L’indifférence d’alors était celle de l’Etat bourgeois envers le peuple qui survivait de l’aumône et mourrait à petit feu. Aujourd’hui, c’est celle du peuple bourgeois envers l’Etat, qui survit de l’impôt et meurt à petit feu sous le poids de sa dette. Certes, nombreux sont ceux, parmi nous, révoltés à l’encontre d’un système économique dont nos pays occidentaux, la France en tête, ont de plus en plus de mal à tirer prospérité, écrasés par leurs avancées sociales et morales, enlevant depuis peu la terre avec laquelle ils avaient commencé à combler le fossé des classes. Mais plus nombreux encore sommes-nous d’indifférents. Les barricades ne se lèveront plus à Paris, n’en déplaise à Victor.

    Quant au système répressif impitoyable, il existe encore aujourd’hui dans la tendance liberticide de notre société. Contrairement aux idées reçues, nos dirigeants ne font qu’appliquer la voix du peuple inconscient qui réclame encore et toujours plus de sécurité, au détriment de sa propre liberté ! L’avancée fulgurante des technologies, et l’utilisation qui en est faite, nous font, chaque jour un peu plus, renoncer à notre vie privée, à la liberté qu’apporte l’anonymat, tout en croyant par la même occasion être plus libres que les autres générations. La peur qu’amène ce nouveau monde de plus en plus ouvert et accessible, par la multiplication de nos voies de communication réelles et virtuelles, nous pousse à nous livrer, souvent inconsciemment, et à accepter l’interdit.

    Mais s’il est une chose encore applicable, mot pour mot, de l’idéalisme de Victor Hugo, c’est la solution qu’il apportait aux infâmes infortunés que nous sommes ou risquons de devenir : L'accompagnement, l’instruction et le respect de l’individu doivent être remis au goût du jour ! Aujourd’hui plus que jamais, la conscience culturelle, politique et sociale doit être une priorité. En attendant que ce vœu pieu se réalise, puissions-nous, à défaut de mieux, être un peu moins Misérables.                                                                                                                    

     

                                                                                                                                                                         Jb Gérard

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