• Historien, un métier à haut risque. « Oxford, futur proche. L’université est définitivement dépoussiérée : historien est devenu un métier à haut risque. Car désormais, pour étudier le passé, il faut le vivre. Littéralement.  

    Michael Davies se prépare pour Pearl Harbor, Merope Ward est aux prises avec une volée d’enfants évacués en 1940, Polly Churchill sera vendeuse en plein cœur du Blitz, et le jeune Colin Templer irait n’importe où, n’importe quand, pour Polly… Ils seront aux premières loges pour les épisodes les plus fascinants de la Seconde Guerre mondiale. Une aubaine pour des historiens, sauf que les bombes qui tombent sont bien réelles et une mort soudaine les guette à tout moment. Sans parler de ce sentiment grandissant que l’Histoire elle-même est en train de dérailler. Et si, finalement, il était possible de changer le passé ? »  

    Black-out est le premier volet de ce nouveau dyptique signé par Connie Willis, romancière incontournable de la SF anglo-saxonne. Au vu de mes précédents post, vous remarquerez certainement que je sors là des mes habitudes littéraires, même si La ballade de Lila K traitait d’anticipation. La période de l’histoire évoquée ici m’ayant toujours passionnée, j’ai de suite été intriguée par ce pavé publié aux éditions Bragelonne (maitre s’il en est de la littérature imaginaire), le bordereau rouge mentionnant les trois prix prestigieux reçus pour ce roman n’a fait que renforcer mon enthousiasme. L’ouvrage a, en effet, reçu le prix Hugo du meilleur roman en 2011, le prix Nebula du meilleur roman en 2010 et enfin le prix Locus du meilleur roman de science-fiction en 2011.

    Nous partons ici du postulat selon lequel les historiens d’aujourd’hui (entendez ici de 2060) ne se contentent plus de passer de longues heures entre les rangées de livres poussiéreux dans l’ambiance feutrée des bibliothèques mais ont la possibilité de vivre les événements de l’Histoire en temps réel. Ils pourront ainsi découvrir les épisodes de l’Histoire passés sous silence et ainsi relater les faits et les anecdotes qui n’ont pu survivre aux années. L’auteur rend donc possible les voyages dans le temps et met en lumière les aléas de ces sauts temporels. Trois étudiants en histoire doivent effectuer un voyage dans le temps dans le cadre d’un programme d’observation de la Seconde Guerre mondiale. Chapitre après chapitre, les récits des trois historiens vont se succéder, nous suivront ainsi : Mike, reporter durant la grande évacuation de Dunkerque, Polly qui souhaite étudier les nuits de bombardements londoniennes en septembre 1940 et enfin Merope (appelée aussi Eillen) au service d’une comtesse qui protège des enfants évacués de Londres vers la campagne anglaise. Au-delà des nombreux éléments historiques, des anecdotes, des faits réels et des dates, chaque personnage est littéralement attachant, leurs sentiments deviennent les nôtres : on peut ainsi comprendre la frustration de Mike face à son manque de chance, l’attachement d’Eileen aux enfants ou encore l’incompréhension de Polly.

    Connie Willis nous fait entrer dans leur monde et entretient parfaitement l’intrigue en passant rapidement d’un personnage à l’autre. Ce procédé m’a posé quelques soucis au départ : une multitude de personnages présentés en peu de pages mais quelques notes sur un post-it plus tard j’étais moi aussi transportée en 40-45. L’auteur a effectué des recherches pointues sur cette période de l’histoire, le récit s’en trouve réellement enrichi et très précis. En plus d’être un roman de science-fiction, il s’agit donc bien là d’un très beau et fidèle récit historique sur la Seconde Guerre mondiale.

    Seul petit bémol (il en faut toujours un), le premier tome de ce dyptique ne fait pas moins de 665 pages … Le fond est sans conteste riche et parfaitement maitrisé mais le nombre de pages peut, par moment, donner un sentiment d’essoufflement au récit. Black-Out est donc un peu victime de sa longueur et de l’abondance de détails. En fin de compte, je pense que ce roman plaira avant tout aux novices du genre (comme moi) plus qu’aux habitués des voyages spatio-temporels.

    Vous n’êtes pas un passionné de cette période et les termes VE Day, V1, ne vous parlent pas directement ? Ne vous en faites pas l’auteur a pensé à tout : un glossaire très complet est là pour vous aider en fin de volume.

    Blitz t.1 : Black-Out, éd. Bragelonne, 665p., 25€.

                                                                                                      

                                                                                                                Charlotte

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